Mon premier "Défi Bugiste" pour l'entrée dans la confrérie.

 

Pour tenter de rentrer dans la confrérie des fêlés du Grand-Colombier, j'ai choisi cette journée du 12 septembre 2015, jour de rassemblement des fêlés, où pour l'occasion la route est réservée aux cyclistes une bonne partie de la journée de 7h à 15h.

J'ai choisi le parcours du "Défi Bugiste", qui permet à la fois de devenir grand-maître (4 ascensions du GC à 1501m), mais aussi représente un véritable challenge avec ses 2 ascensions supplémentaires du col de la Biche (1325m). Un sacré défi de fin de saison pour moi !

Mon ami Philippe a accepté de m'accompagner ce jour là (pas sur le vélo car il sera sur un parcours différent pour devenir Grand-Maître = 4 GC), sympa de faire la route aller/retour ensemble jusqu'à Culoz.

Levé vers 2h00 du matin, Philippe me rejoint à la maison vers 3h pour un départ en voiture pour Culoz, puis pour le sommet du Grand-Colombier où nous déposons le véhicule. 

Après avoir lu différents récits sur le site des fêlés, et sur les conseils de Lionel VIGNON qui a déjà réalisé ce défi en 2012, je m'étais rendu compte en effet que c'est une bonne idée de laisser la voiture au sommet pour pouvoir se ravitailler lors des différents passages, et ainsi perdre moins de temps.

Le temps justement sera critique aujourd'hui car des pluies orageuses potentiellement fortes sont attendues pour le milieu de l'après-midi..il ne faudra donc pas perdre de temps en route....!

Nous sommes sur les vélos vers 4h40 pour attaquer notre première descente du Grand-Colombier. Il fait bien frais là-haut avec le vent en cette fin de nuit. J'ai prêté à Philippe ma lampe Cat'Eye, moi j'ai deux lampes "Moon Mask" à Led, nous avons une excellente visibilité pour ces 18 kilomètres de descente jusqu'à Culoz, c'est parfait ! Lui m'a prêté un collant long car il fait vraiment frais en haut du GC en cette fin de nuit.

Nous descendons très prudemment, cela fait vraiment tout drôle de se retrouver là à 4h45-5h du matin dans ce col seuls au monde...car pas âme qui vive pour le moment au Grand-Colombier.

Nous arrivons à Culoz vers 5h15 et, après la photo devant le panneau qui fait office de pointage, demi-tour, nous voilà repartis dans la première ascension du Grand-Colombier par Culoz.

Je pars très tranquille pour cette première grimpée, Philippe aussi mais sans doute encore plus tranquille que moi, si bien que petit-à-petit un écart se creuse, et après environ 6 kilomètres je ne vois plus la lumière de Philippe à l'arrière et me retrouve tout seul dans la nuit en sous-bois, impressionnant...je rejoins le sommet du grand colombier au lever du jour à 6h52. Cette première ascension m'a pris 1h26 soit 11,4 km/h de moyenne.

Je prends le temps d'enlever les vêtements chauds mis pour la descente précédente, le temps que Philippe arrive. Je lui dit maintenant "à tout à l'heure" puisque lui va redescendre côté Anglefort, alors que moi je descends sur Champagne en Valmorey pour grimper ensuite le col de la Biche par Brénaz.

La descente est encore fraîche..dés le début dans la première rampe du Colombier côté ouest, je croise Eric le bloggeur chasseur de cols, sympa de se retrouver là ! Pas beaucoup le temps d'échanger aujourd'hui c'est dommage, mais c'est vraiment avec plaisir que je fais sa rencontre, quel cyclo ! déjà 16500 kms pour lui cette année !!! J'espère que nous aurons l'occasion de rouler ensemble un de ces jours vers chez lui à Clermont-Ferrand.

Je poursuis la descente jusqu'à Lochieu puis rejoins Champagne en Valmorey pour le troisième pointage vers 7h42. 

Je repars maintenant direction Brenaz et le col de la Biche. Je monte ce second col encore tranquille, mais toujours mieux que lorsque je le montais en A/R depuis la maison comme à l'entrainement avec Mathieu le 22 août dernier.

J'atteins le sommet du col de la Biche à 8h40 (quatrième pointage). J'ai monté les 6,9 kms (630m D+ à 9% de moyenne) en un peu plus de 38 minutes soit 10,8 km/h de moyenne.

Je poursuis jusqu'au sommet car après le col il y a encore deux kilomètres dont un de grimpée à 10% pour rejoindre le plateau.

Magnifique vue sur le plateau de la Biche avec ce soleil matinal, vraiment un grand plaisir de profiter de ces paysages du Bugey.

Je redescends maintenant sur un bon rythme jusqu'à Gigniez, puis rejoins rapidement Anglefort pour un nouveau pointage à 9h15.

J'attaque la troisième ascension avec cette fois le Grand-Colombier par Anglefort, encore de beaux pourcentages ici, souvent autour des 10%..

J'ai mis mon Ipod aux oreilles pour me tenir compagnie dans cette troisième grimpée, le rythme est encore bon, j'avance bien et rejoins assez rapidement après six kilomètres, le croisement de la grimpée de Culoz.

Là, je retrouve tout plein de cyclistes venus gravir le grand colombier pour cette journée de rassemblement.

Je ne suis plus seul ça fait tout drôle ;-) Je recherche mon ami et voisin Florencio qui doit venir gravir le Grand-Colombier lui aussi aujourd'hui, mais pas de trace de lui à cette heure là, il est peut-être déjà passé ? ou pas encore ? dommage, j'aurais vraiment aimé le voir et échanger quelques mots avec lui.

Sur les neufs derniers kilomètres d'ascension je croise Alex avec qui je discute souvent via le blog ou Strava. Il vient lui aussi gravir ce géant en A/R depuis Ambérieu-en-Bugey, un beau périple aussi pour lui aujourd'hui, avec un parcours prévu d'environ 150 kms !

Je poursuis l'ascension et suis rattrapé par deux coursiers qui me doublent sur une allure rapide. Je ne peux pas m'empêcher de prendre leur roue puis de les doubler dans les dernières pentes au niveau des barrières canadiennes...une cartouche dépensée ici ;-), espérons qu'elle ne me portera pas préjudice par la suite ;-)

Pas de Philippe au sommet, il a dû partir pour sa troisième ascension par Virieu-Le-Petit...

Je prends le temps de bien me ravitailler à la voiture, mais aussi au ravitaillement organisé par le club des Cyclos du Plateau d'Hauteville pour ce rassemblement au sommet, vraiment sympa, un très bon ravito avec thé, soupe, jus de fruits, oranges, madeleine, pruneaux, fromage, pâté, chocolat, etc etc...tout ce qu'on peut imaginer pour faire le plaisir d'un cycliste affamé ;-)

Beaucoup de monde aujourd'hui au Grand-Colombier, il faut dire que cette belle organisation mérite largement le détour !

Je retrouve Alex au sommet peu de temps après, il en a fini avec son Grand-Colombier, et doit maintenant retourner à Ambérieu-en-Bugey ! 

Je me lance maintenant prudemment dans la descente sur Virieu-le-Petit avec ses pentes à 23%...puis rejoins Chavornay, Talissieu et Artemare...où j'oublie de pointer car dans ma tête le pointage suivant était à Champagne...je prends donc maintenant la direction de Champagne avant d'avoir des doutes et de regarder la carte de route juste après le Pont du Gron à Don...mince, je dois faire demi-tour pour revenir pointer à Artemare...une bonne vingtaine de minutes perdues ici car en plus ça grimpe entre Artemare et Don...

Je remonte donc une nouvelle fois sur Don, puis bifurque à droite sur la D69 direction Virieu-le-Petit.

Je commence à bien ressentir les effets de la fatigue sur le coup de midi, ça promet pour le gros morceau de la journée avec cette terrible ascension du Grand-Colombier par Virieu-le-Petit...

Je ne roule plus aussi vite qu'avant, je passe en mode "gestion" et roule très très tranquille en moulinant le plus possible sur cette longue partie montante d'environ 8 kilomètres jusqu'aux premières rampes du col.

Me voilà au pied du mur, c'est le cas de le dire ! Je prends mon mal en patience et continue à mouliner, mouliner...mais arrivé un peu plus loin dans les rampes infernales mon allure est bien faible, autour de 5 km/h...avec mon 34x28 difficile à passer en quatrième ascension...

Je m'accroche un moment, transpire à grosses gouttes, et finis par poser pied à terre car les jambes me brûlent, inutile d'insister, mieux vaut marcher 500m plutôt que de devoir abandonner plus loin ce défi bugiste, ce serait dommage...

Je marche donc pendant environ 300m à une allure presque aussi rapide qu'en vélo, environ 3-4 km/h, ça fait quand même du bien...

J'essaie de remonter sur le vélo mais impossible d'accrocher les cales dans une pente pareille...Je marche donc encore 200m de plus jusqu'à un passage un peu moins pentu où je peux de nouveau remonter sur mon vélo :-)

J'arrive au niveau de la jonction entre la montée par Lochieu et celle par Virieu-le-Petit, plus que quatre kilomètres jusqu'au col dont un quasi plat qui permet de récupérer, ouf , le plus dur est derrière moi...

Mais il reste encore un bon effort à faire car les trois derniers kilomètres sont encore difficiles, surtout les deux derniers après les barrières canadiennes, avec la rampe finale surplombée par la croix du Grand-Colombier très haut au dessus de notre tête, très impressionnant !
Je pointe à 13h20 pour mon troisième passage au Grand-Colombier (quatrième ascension du jour).

J'ai mis 1h23min50 pour monter ces terribles 8,6 kms depuis Virieu-le-Petit (830m D+ à 10% de moyenne), soit une moyenne pitoyable de 6,2 km/h...no comment !

Je prends encore une fois le temps de bien me ravitailler au super ravito de l'organisation, je bois deux verres de bonne soupe, ça fait un bien fou !
Je retrouve cette fois Philippe à la voiture, il a déjà gravi 3 faces et hésite pour la 4ème malgré les conseils de Michel PELISSIER qui lui dit que ce serait dommage de ne pas tenter le coup...

J'enfonce le clou moi aussi en motivant Philippe pour cette dernière grimpée, il peut prendre tout son temps, je ne suis pas prêt d'arriver moi avec encore le col de la Biche à grimper, et le Colombier en final pour la quatrième fois..

Je repars cette fois dans la descente vers Anglefort, une descente rapide pour ne pas perdre de temps. Je pointe pour la seconde fois à Anglefort à 14h.

Je prends maintenant la route direction Seyssel / Corbonod pour rejoindre après 6 kilomètres, le pied du col de la Biche à Gigniez.

Encore une belle ascension de 11 kilomètres pour rejoindre le plateau (13,8 kilomètres pour rejoindre le col à 1325m), dont 5 kilomètres à près ou plus de 10%... ça va faire très mal...

Le premier kilomètre donne déjà le tempo avec 9,8% de moyenne pour quitter le village, dur dur ! ça se calme ensuite pendant un kilomètre avant un nouveau kilomètre à 9,6%...Les deux kilomètres suivants à plus de 10%...je zigzague un peu pour progresser, heureusement pas beaucoup de circulation ici ;-)

Il se met à pleuvoir et le ciel devient très sombre, ça promet pour la suite...

Le sixième kilomètre à près de 8% me permet de récupérer un peu, avant encore un kilomètre à 10,2%...toujours la même technique, zigzaguer ;-) 

J'atteins enfin le lieu-dit "Sur Lyand", je suis presque sauvé, plus que deux kilomètres à plus de 8% et me voilà enfin sur le plateau :-)

La pluie s'intensifie nettement, je vais devoir me dépêcher pour finir, je ne voudrais pas devoir abandonner à cause d'un gros orage.

Je rejoins rapidement sous la pluie le col de la Biche pour mon second pointage ici à 15h40. C'est déjà ma cinquième grosse ascension aujourd'hui, il n'en reste plus qu'une pour achever ce superbe "défi bugiste".

J'effectue la descente du col de la Biche jusqu'à Brenaz en mode "très rapide", sous une pluie intense, je n'ose imaginer la suite...le ciel est vraiment très très sombre...

Une fois à Brenaz, c'est en mode "contre-la-montre" pendant six kilomètres sous un déluge de pluie que je rejoins Champagne-en-Valmorey pour pointer à 16h04...

Je me demande bien comment je vais faire pour grimper là-haut dans la brume du Grand-Colombier (dont je n'aperçois même plus la silhouette...) si la pluie continue à tomber aussi fort, espérons surtout qu'il n'y aura pas un gros orage car là ça pourrait devenir dangereux. Je suis trempé jusqu'aux os, gelé, ça promet pour finir ce défi de "fêlé" ;-)

Je rejoins Lochieu par six kilomètres de faux-plat montant, il pleut toujours mais moins intensément, sauf par moments où la pluie devient beaucoup plus forte pendant quelques minutes.

Il me reste maintenant 13 kilomètres d'ascension pour en finir, sauf gros orage, je devrais arriver au bout car cette dernière grimpée est la moins difficile des six qui composent le défi bugiste.

Je reste donc patient et grimpe tranquillement malgré la pluie, j'ai déjà moins froid en montant ;-) petit-à-petit les kilomètres défilent, je continue sur ma technique de zigzag dans les passages les plus pentus à 12-13% pour limiter les efforts, je ne suis plus pressé par le temps, sauf problème je devrais arriver là-haut avant 18h, et ce n'est pas la pluie qui m'arrêtera maintenant ;-)

Après 9 kilomètres, je rejoins le croisement de la montée de Virieu-le-Petit, je connais bien les quatre derniers kilomètres pour les avoir effectués tout à l'heure vers 13h.

Sur ces derniers kilomètres, c'est un vrai plaisir de savoir qu'on va en terminer, je ressens une drôle de sensation. Sur les deux derniers, dans la brume totale, je ne vois pas bien loin, impossible de voir la Croix du Colombier sensée me guider au dessus de ma tête.

La rampe finale me fait penser à un col Pyrénéen dans la brume, il ne manque plus que les vaches qui ne sont pas bien loin pourtant, de l'autre côté dans la descente vers Culoz...

Je zigzague encore sur ce dernier kilomètre pour finir ce challenge du "Défi Bugiste" à 17h37 au sommet du Grand-Colombier, heureux comme un gamin !

Après la photo devant le panneau pour "pointer" officiellement cette dernière ascension, je rejoins rapidement la voiture car il fait là-haut un froid glacial avec le vent en plus...

Je retrouve mon ami Philippe qui a réussi avec brio sa dernière ascension malgré la forte pluie et devient donc officiellement comme moi aujourd'hui, grand-maître de la confrérie des fêlés du Grand-Colombier ;-)

Je pense que cette journée restera un grand souvenir pour tous les deux !

Nous redescendons en voiture sur Culoz et sommes bloqués pendant 5-10 minutes par un troupeau de vaches à environ 1 km du sommet, je le savais qu'elles étaient là ces vaches !!

De retour à la maison vers 19h30, une sacrée journée depuis ce matin 3h...

Un grand merci à MICHEL PELISSIER et aux "Cyclos du Plateau d'Hauteville" pour l'organisation sans faille de cette journée au Grand-Colombier, vraiment très sympa ! 

Vu le monde aujourd'hui sur les pentes du Grand-Colombier, environ 400 cyclistes, un succès bien mérité pour ce rassemblement des fêlés !

Un grand merci aussi à mes amis Vincent FISCHER et Florencio DURON, pour m'avoir fait découvrir cette belle épreuve cyclotouriste. Florencio a d'ailleurs réalisé samedi son défi personnel de gravir le Grand-Colombier cette année, et prévoit de tenter les 4 faces l'an prochain...

Un grand merci enfin à Lionel VIGNON de Bourg-en-Bresse, pour ses conseils ces derniers jours, lui qui a déjà réalisé ce parcours en 2012 avec succès.

Jean-Christophe AUDARD - septembre 2015