Je suis un "Fêlé du Grand Colombier"

 

En ce beau mois de Juillet 2016, j’ai réussi un de mes plus beaux exploits sportifs en devant un membre de la confrérie des « fêlés du grand colombier ». Mais qu’est-ce que cette confrérie de « fêles » ??? 

Le Col du Grand Colombier

Tout d’abord, quelques mots sur le Grand Colombier. Le col du Grand Colombier est un col situé dans le sud du Jura et qui culmine à 1505m. Malgré l’extrême difficulté de ce col (nombre de locaux allant même jusqu’à dire qu’il s’agit du « col le plus dur de France »), c’est un col qui est longtemps reste boudé des grandes épreuves cyclistes (en particulier du Tour de France) et qui reste donc complètement méconnu du grand public. Mais pourquoi ce grand col reste-t-il ainsi ignoré ? La légende veut que les organisateurs aient eu peur de son histoire – notamment d’un passage dans l’épreuve du Tour de l’Avenir dans les années 70. De nombreux coureurs avaient terminé à pied à l’époque devant les spectateurs médusés… D’autres facteurs ont certainement joué. Tout d’abord, c’est un col qui est à l’écart des principaux massifs des Alpes/Pyrénées ce qui le rend difficile à placer. Ensuite, c’est un col qui est beaucoup plus bas que la plupart des cols de difficulté similaire. Enfin, il n’y a pas non plus de grande ville à proximité ayant les moyens de financer une épreuve comme le Tour. Toujours est-il que ce désamour est en train de connaître un épilogue heureux puisque le Tour est passé par le Grand Colombier en 2012 et y revient en cette année 2016. Certes, les organisateurs n’ont pas encore osé programmer le versant avec les plus gros pourcentages (par Artemare), mais c’est un début prometteur.

Le Grand Colombier possède également une caractéristique intéressante puisque 4 routes différentes mènent au sommet, ce qui est extrêmement rare pour un col aussi difficile. Ci-dessous les profils de ces différentes faces. A noter qu’elles sont toutes très difficiles et seraient toutes classées « Hors Catégorie » sur le Tour de France.

 

La confrérie des fêlés du grand colombier

Bon, tout ceci est bien intéressant, mais cela ne vous dit toujours pas ce que sont les « fêlés ». Les membres fondateurs des fêlés sont un groupe de cyclistes locaux qui ont décidé en 1992 de promouvoir le grand colombier et de le faire découvrir plus largement dans la communauté cycliste en organisant un défi permanent. Comme ils avaient décidé que monter le grand Colombier ce n’était pas assez dur et aussi sans doute parce qu’ils étaient un peu fêles, la condition établie pour devenir membre de cette confrérie est la suivante : monter le Grand Colombier par au moins deux de ses quatre faces dans la même journée.

La confrérie possède 3 grades :

  • Membre : monter et descendre deux faces du Grand Colombier dans la même journée (environ 2400m de dénivelé positif)
  • Maître : monter et descendre trois faces du Grand Colombier dans la même journée (environ 3600m de dénivelé positif)
  • Grand Maître : monter et descendre les quatre faces du Grand Colombier dans la même journée (environ 4800m de dénivelé positif)

Certains membres (quand on vous dit qu’ils sont fêlés) font même ce qu’ils appellent le « défi bugiste » qui nécessite de monter les deux faces du col de la Biche voisin en plus des 4 faces du Grand Colombier. Bon, là il ne faut même plus être fêlé, mais carrément fou, puisque cela représente plus de 7000m de dénivelé dans la journée. 

 

Mon défi de Juillet 2016

 L’idée de tenter ce défi me trottait dans la tête depuis un ou deux ans, et comme j’avais l’occasion de faire un tour dans les Alpes cette année, je m’étais dit que je n’hésiterais pas si je me trouvais pas trop loin du Grand Colombier. Il se trouve qui suite à une semaine de vélo chez un ami, je me suis retrouvé le dernier jour à Annecy – à une cinquantaine de kilomètres de là.

Je ne pouvais évidemment pas rater cette opportunité, malgré les conditions climatiques défavorables (forte canicule). Mon objectif était simple – essayer de monter trois faces. J’avais un doute quant à ma capacité à en monter trois – cela représente tout de même 3600m de dénivelé alors que je n’ai fait que deux sorties à 3000m cette année et que je n’avais jamais fait plus de 3400m de dénivelé en une seule journée (ce record de 3400m datant de 2015). Mais bon, je m’étais tout de  même très bien entraîné depuis fin mai et de tout de façon qui ne tente rien n’à rien. Au pire, avec deux montées, j’aurais tout de même aux critères pour rejoindre les fêles.

Première décision : quelles montées choisir ? La face de Culoz est la plus connue et la plus « belle » avec un passage dans la rocaille offrant des vues magnifiques. La face d’Artemare est la plus dure avec des pourcentages démentiels (j’y reviendrai plus tard). La face d’Anglefort est extrêmement difficile avec 10 premiers kilomètres à quasiment 10%. Enfin, la face de Lochieu n’a pas de caractéristiques remarquables, mais c’est la moins difficile des 4. Je tenais absolument à faire les faces d’Artemare et de Culoz et comme faire trois faces aurait déjà été extrêmement difficile, j’avais  choisi la face de Lochieu (la moins difficile) comme troisième face. Tant pis pour Anglefort, je reviendrai un autre jour pour la tester.

Deuxième décision – dans quel ordre ? En temps normal, je démarre toujours par la face avec les plus gros pourcentages (donc Artemare) tant que je suis à peu près frais. Mais après avoir bien étudié les retours des différents participants sur les forums, j’avais noté que Culoz semblait être la face la plus sensible à la chaleur – et vu la canicule annoncée, il était pertinent de s’en « débarasser » le plus vite possible. Mon choix s’était donc porté sur 1 – Culoz ; 2 – Artemare ; 3 – Lochieu.

Afin de pouvoir me ravitailler (en particulier en liquide), j’avais également choisi de positionner ma voiture au sommet, afin de pouvoir notamment récupérer de l’eau fraîche à chaque passage au sommet. Par contre, cela me mettait une pression supplémentaire, puisqu’une fois la grimpée démarrée, j’étais obligé d’arriver au sommet pour récupérer la voiture. Abandon en cours de route impossible ! 

Au vu de la canicule, je n’avais vraiment pas le choix et j’étais obligé de partir le plus tôt possible. J’avais prévu un démarrage à 6H, ce qui n’est pas vraiment dans mes horaires habituels (je rappelle : ne surtout pas m’adresser la parole avant 9H et après mon petit déjeuner).

 

Le déroulé de la journée

J-1 – 23H : au vu du lever particulièrement tôt je me couche

J – 1H – comme à chaque fois que je dois me lever tôt, impossible de m’endormir. De plus mon corps n’est pas habitué à s’endormir à 23H. Enfin, il fait toujours une chaleur étouffante. Je décide de décaler mon réveil à 6H30

J – 6H30 – lever très difficile / petit déjeuner / préparation des affaires-boissons et départ de l’hôtel un peu après 7H

J – 7H45 – je pose ma voiture en haut du Grand Colombier, je m’équipe pour la descente avec ma veste thermique au vu de l’heure matinale et je démarre une descente prudente sur Culoz

J – 8H24 – après avoir pris les photos nécessaires pour l’homologation de ma tentative par la confrérie, mis de la crème solaire et grignoté un peu, je démarre la première montée. La montée par Culoz présente plusieurs passages très difficiles, mais également quelques kilomètres de récupération intercalés entre ces passages. Même si je n’ai jamais roulé sur le Grand Colombier, je connais évidemment le profil par cœur, mais je sais que d’expérience les ressentis peuvent être très différents des profils théoriques.

Les premiers kilomètres sont durs – après un kilomètre d’échauffement, les 6 suivants font partie des plus difficiles, la route s’élève sur des pentes à 8-10% (avec des passages à 12-13%) dans la rocaille. Je me félicite d’avoir choisi cette face en premier. En effet, il est 8H30 et c’est déjà une fournaise, la roche reflète la chaleur et la rend difficilement supportable. Je n’ose même pas imaginer la chaleur en milieu de journée. Deux kilomètres quasiment plats permettent tout de même de récupérer avant le prochain passage difficile. J’avance doucement, conscient des efforts qui me restent à accomplir. Je me force à boire quelques gorgées à chaque panneau kilométrique. La suite est terrible, 3,5 kilomètres à plus de 10% (avec un mur à 14% de plusieurs centaines de mètres), mais heureusement je retrouve une route à l’ombre, ce qui me facilite la tâche. A cinq kilomètres du sommet, j’arrive au replat de la sapette, avec de nouveau quelques kilomètres plus faciles. Le dernier kilomètre à 8,5% est difficile, mais à ce moment je commence à « sentir » le sommet et la motivation est forte. 

J- 9H52. J’arrive au sommet. On devine qu’il doit y avoir une vue magnifique en temps normal mais malheureusement des brumes de chaleurs masquent quasiment tous les sommets (en particulier le Mont Blanc). Grosse surprise également avec un vent soudain très fort alors qu’il n’y en avait pas du tout plus tôt au sommet ou dans la montée – je le perdrai finalement après le premier kilomètre de descente sur l’autre versant. Je me sens toujours en bonne forme, mais je sais que le versant d’Artemare est encore plus difficile que le premier avec ses pourcentages terribles. Je me débarrasse de ma veste thermique, je remplis mes bidons bien vides, petit grignotage, quelques minutes de repos et je démarre la descente sur Artemare. La descente directe étant extrêmement dangereuse (avec un passage à 22%), je décide de faire un détour par la route de Lochieu pour limiter les risques. Cela me rajoute quelques kilomètres et me fait perdre un bon quart d’heure, mais la sécurité est à ce prix. J’arrive finalement à Artemare, annoncé par mon compteur Garmin à 200 mètres en dessous du niveau de la mer… visiblement il n’a pas apprécié les variations barométriques depuis le début de la journée. Un bon redémarrage réglera le problème. 

J- 10H59 – Après avoir de nouveau grignoté sur Artemare, remis de la crème solaire, et pris mis photos, je me lance dans la montée. Le profil est simple – 8 kilomètres relativement faciles d’Artemare à Virieu le Petit. En revanche, les 8 kilomètres de Virieu le Petit au sommet font prendre plus de 800 mètres de dénivelé, avec un kilomètre tout plat. Les 4 kilomètres après Virieu le Petit sont peut-être les 4 kilomètres les plus difficiles en France avec 2,5 kilomètres à 14,5% - et des murs de plusieurs centaines de mètres à 18%, 19% et même 22%. Enfin, après un kilomètre tout plat, il reste 3 kilomètres à quasiment 10%.

Je démarre très tranquillement d’Artemare, essayant de réserver mes forces pour les passages les plus durs. Je suis en plein canyard, la progression est donc difficile malgré les pourcentages limités de cette première partie. Quand je pense qu’il n’est que 11H, j’ai vraiment très peur pour la 3ème face. A Virieu le Petit, petit arrêt pour manger une pâte de fruit et je me lance dans l’infernale seconde partie du col. Heureusement, tout le passage le plus difficile est à l’ombre. En plein soleil, je pense que j’aurais tout simplement été scotché sur place. Le premier kilomètre est à 10%, le deuxième à 12,7%, je vois plus de 14% sur le panneau du 3ème kilomètre, je n’ai même pas eu la lucidité de regarder le 4ème… Un cycliste (j’en verrai finalement assez peu durant la journée) me double à toute vitesse dans le kilomètre à 10%, il va tellement vite que j’en reste (littéralement) sur le cul. En fait, il est parti beaucoup trop vite, je le rattraperai dans les passages les plus durs et le lâcherai même vers la fin du col. Comme quoi gérer son effort est absolument critique.

J’approche du premier mur à 18%, il fait peur, vraiment peur, je suis tout à gauche sur mon 34*28, je peste de ne pas avoir un 34*30, j’avance en zigzagant à 6km/h, c’est terrible mais je continue de tourner les jambes le plus régulièrement possible. Surtout ne pas s’arrêter, ce sera impossible à redémarrer sur de tels pourcentages. J’en suis à compter les mètres, pas les kilomètres, je continue, je bois, je m’aperçois que mon garmin n’arrive même plus à afficher le pourcentage. La route défile, les « murs » également, je vois enfin le mur à 22% qui annonce la fin de ces passages terribles, je le passe et j’arrive enfin sur ce replat salvateur d’un kilomètre. Les 3 derniers kilomètres sont à 10%, mais ils me paraissent presque faciles par rapport l’enfer précédent. J’arrive au sommet – j’en suis à deux faces, je suis donc d’ores et déjà un fêlé du grand colombier

J – 12H24 – heure d’arrivée au sommet après le versant Artemare. A ce moment, et malgré cette montée terrible, j’ai encore des forces. Je n’ai aucun doute sur le fait que j’arriverai à monter 3 faces. Je commence même à envisager d’en monter une 4ème, mais il commence à faire extrêmement chaud et pour l’instant ma préoccupation principale est de trouver de quoi manger. En effet, j’avais prévu de m’arrêter à une des deux auberges autour de Grand Colombier, mais la première se trouve sur le versant Culoz et je n’ai vraiment pas envie de faire l’aller-retour pour rien. La deuxième se trouve à Virieu le Petit, ce qui n’est pas non plus sur le chemin de ma 3ème montée. Pas grave, je trouverai bien quelque chose à Lochieu ou à Champagne en bas de la descente. Je passe quand même un bon moment au sommet. Comme d’habitude, je remplis mes bidons, me ravitaille et me repose un peu avant de me lancer dans la descente. Je finis par redescendre sur Lochieu, la chaleur devient de plus en plus insupportable et me gêne même dans la descente. Ça va être l’horreur dans la montée… J’arrive sur Lochieu. Rien… pas de restaurant, pas même une boulangerie. Alors que la montée sur les profils commence « officiellement » à Lochieu, j’avais vu que pour faire partie de la confrérie il fallait démarrer jusqu’à Champagne – 6 kilomètres plus loin. J’avais entendu dire que ce départ de Champagne était un peu « artificiel » et je peste contre les organisateurs qui ajoutent 12 kilomètres « pour rien » à ce défi ultra difficile. De plus, aucune ombre sur ce passage. D’un autre côté, peut être que ça me permettra de trouver un restaurant à Champagne… La route continue à descendre après Lochieu avant de… remonter (mais pourquoi tant de haine ????) sur Champagne. A Champagne, pas de restaurant non plus, je trouve une boulangerie, mais qui est évidemment fermée à 13H30. Je mœurs de faim et je commence à désespérer (heureusement que j’ai mangé un demi pain au sommet juste « au cas où »). Je finis par dénicher une sorte de « caravane ambulante » qui vend du pain. Le vendeur venait de fermer, mais devant mon air affamé et désespéré, il consent à me vendre une baguette. Certainement pas l’idéal, mais il faudra que ça suffise pour la 3ème montée. Je dévore ma baguette, quelques abricots secs, quelques biscuits et me prépare pour la 3ème montée en me remettant de la crème solaire.

J – 13H57 – je me lance dans la montée de Lochieu (mais à partir de Champagne donc). Il fait de plus en plus chaud, j’ai du mal même sur les pourcentages très faibles en Champagne et Lochieu et je sais que le plus dur est à venir. La montée par Lochieu a beau être la moins difficile, ça reste tout de même un col hors catégorie. De plus, le soleil étant à son zénith, même les passages dans la forêt sont complètement exposés. Mais Je sais que mon objectif et la délivrance m’attendent au sommet. Les kilomètres défilent- il s’agit d’une montée en escalier avec une alternance de 2-3 kilomètres très difficiles suivis par une petite phase plus facile et salvatrice. Je bois de plus en plus, je compte les kilomètres. A cinq kilomètres du sommet, je sens que je commence vraiment à piocher. Petite pause pour manger quelques abricots secs (je n’ai plus de pâtes de fruits) et je repars pour un dernier effort. Les 3 derniers kilomètres à 10% sont interminables, les efforts commencent vraiment à se faire ressentir, mais j’arrive finalement au sommet, épuisé mais heureux.

J – 15H25 – je bois, je mange, je me repose tranquillement, discute avec deux motards sympas qui prennent des photos au sommet. Je dois en être à 10 litres bus depuis le début de la journée. Mon objectif est atteint, mais j’hésite à tenter de monter le 4ème versant. D’un côté, je sens que j’ai encore un peu d’énergie et ce serait dommage de ne pas en profiter. Ce n’est pas tous les jours que j’aurai l’occasion de boucler un tel défi. De l’autre la chaleur est maintenant ridicule, le versant d’Anglefort qui me reste est terrible et je suis complètement dans l’inconnue sur ma capacité à effectuer autant de dénivelé. Je décide d’attendre un peu avant de prendre ma décision, après tout la journée est loin d’être finie. En attendant, je bouge la voiture quelques kilomètres plus bas dans la fraîcheur de la forêt –c’est extrêmement agréable de simplement rester à l’ombre à ne rien faire après cet effort sous le soleil.

J – 17H – voyant que le versant d’Anglefort semble être à l’ombre en fin d’après-midi, je décide de tenter le coup. Je vais cependant descendre la voiture à Anglefort, pour me laisser l’option d’abandonner en cours de montée si nécessaire

J- 17H39 - je me fais agresser par un caniche qui me hurle dessus en faisant la photo réglementaire à Anglefort. Ne souhaitant pas me faire mordre, je me retiens de lui adresser un bon coup de pied au ***, et me content de l’ignorer royalement. Je peste contre tous ces abrutis qui laissent traîner leurs chiens agressifs sur la rue, c’est loin d’être la première fois que cela m’arrive – heureusement je ne me suis encore jamais fait mordre. Après cet épisode pénible, je me lance dans la dernière montée. Le versant d’Anglefort a un profil beaucoup plus « simple » (je dis bien « simple » pas « facile ») que les 3 autres. En effet, il y a deux parties bien distinctes –les 10 premiers kilomètres terribles à 9,5% de moyenne suivis par 5 kilomètres beaucoup moins difficiles (les mêmes que sur le versant Culoz) –même si le dernier kilomètres est quand même à 8,5%.

J’avance de plus en plus doucement, mais toujours de manière très régulière. Après les 5 premiers kilomètres, je sais que j’arriverai au bout. J’arrive toujours à bien tourner les jambes et je vois les kilomètres défiler les uns après les autres. J’attends avec impatience la sapette où je sais que j’aurai fait le plus dur. A 5 kilomètres du sommet, sur le replat, j’essaie même d’accélérer un peu mais les jambes ne répondent plus. Je n’insiste pas et je reprends mon rythme lent et régulier. Je commence vraiment à intégrer dans ma tête l’exploit que je suis en train de réaliser et malgré la douleur je me fais vraiment plaisir sur ces derniers kilomètres. J’arrive au sommet à 19H15, il n’y a plus personne. J’en profite pour pousser un hurlement de victoire. Je ne m’attarde cependant pas au sommet, car je n’ai plus la voiture pour me ravitailler et surtout je tiens absolument à redescendre avant que les restaurants soient fermés. Je descends prudemment sur Anglefort pour récupérer ma voiture.

 

Conclusion

Je suis surpris. Alors que je ne savais pas si je serais capable de faire 3 versants, j’ai réussi à faire les quatre, malgré la canicule. J’ai complètement explosé mon dénivelé maximum en une journée. Avec le recul, j’ai très bien fait de préparer correctement ma tentative. J’ai fait le bon choix dans l’ordre des différents versants, en particulier le fait de me débarrasser du passage dans la fournaise dans la rocaille le plus vite possible. Le fait de connaître les profils par cœur m’a aussi permis de bien gérer mes efforts. La décision de positionner la voiture au sommet pour me ravitailler régulièrement a largement aidé.

Finalement le grand colombier est-il le col le plus dur de France ? A mon avis non. C’est un col difficile, très difficile même, voire extrêmement difficile sur le versant Artemare à cause de ses pourcentages, mais à mon sens le Grand Colombier n’est pas forcément plus dûr qu’un port de Larrau, un Tourmalet, un Bagargui (dans les pyrénées) ou encore un col de la Madeleine/col de la Croix de Fer (dans les Alpes). Et des cols que je n’ai pas encore faits comme le Galibier, le Ventoux ou le col Arnostéguy sont probablement plus difficiles. A noter également que tous les passages les plus difficiles sont le plus souvent à l’ombre (les 10 premiers kilomètres d’Anglefort, les 4 kilomètres terribles après Virieu le Petit côté Anglefort, les 4 kilomètres les plus durs du versant Culoz). Le seul passage très dûr à être systématiquement exposé est le passage dans la rocaille côté Culoz. 

 

Vincent BLAKOE - juillet 2016