Ca y est, me voila Fêlé du Grand Colombier !

 

 Avec les copains du Team cycliste "en danseuse", on me savait déjà cinglé (du Ventoux) mais là, c'est encore l'étape au dessus !

L'histoire commence pour moi il y a près de 25 ans ! Et oui, tout ca ! C'est le président des randonneurs castelsalinois, Bernard, qui me parle la première fois de ce col du Grand Colombier, de la montée terrible du côté de Virieu le Petit et du défi des Fêlés. Dès l'ores, je garderai toujours en tête de faire un jour ce défi un peu fou.

L'occasion ne s'était jamais encore présentée jusqu'à cette année, où je prends finalement des vacances à la dernière minute du côté d'Aix les Bains, avec l'idée en tête de tenter de rentrer dans la confrérie. J'envoie tardivement ma demande de carte de route, que je ne recevrai finalement pas à temps mais Michel me l'enverra également par mail, me permettant de l'imprimer ! Il m'encouragera également alors que j’émets quelques doutes sur ma capacité à réaliser ce défi.

La condition physique n'est pas optimale, loin de là. Les jours précédents, je suis allé monter le col de la Biche et le Grand Colombier pour la toute première fois, côté Lochieu et cette sortie ne fut pas franchement une grande réussite, le col de la Biche m'étant resté en travers et le Grand Colombier, côté "simple" ne l'était pas du tout. Comment je vais faire pour faire les 3 autres faces en plus, par des côtés réputés encore plus difficiles ? L'équation me parait assez insoluble ! Le lendemain, je suis allé monter le mont du Chat, avec des pourcentages comparables je pense à la montée de Virieu. Cette fois, je monte à l'économie et cela se passe nettement mieux. C'est ce qu'il faudra que je reproduise me dis-je...

Mercredi 8 juillet 2020 : c'est le jour J pour moi. 4h30, le réveil sonne et je me lève d'un bond. Le petit-déjeuner est avalé et je n'ai plus qu'à charger la voiture et me mettre en route vers Culoz. La nuit est claire, la météo annonce une belle journée sans nuage, avec de fortes chaleurs attendues l'après-midi. En ce matin, il y a 10°. A Culoz, première contrariété, le parking du stade est inaccessible, des forains sont en train de s'y installer. Je dois aller un peu plus loin pour trouver une place, ce qui m'obligera à faire de même à vélo quelques heures plus tard !

Il est 5h40 lorsque j'enfourche le vélo, direction Artemare que j'ai décidé de gravir en 1er. 8km d'échauffement, petite photo au panneau qui m'annonce 15,9km à 7,87% de moyenne et il est 6h02 lorsque j'entame cette première montée. Celle-ci est agréable au pied, il ne fait pas très chaud mais c'est supportable et on a encore de la ressource. Mais pas question de trop en faire non plus, la journée sera longue donc je monte au tempo. Les villages s'enchainent, je transforme Assin en Assassin et Virieu le Petit en Virieu le Terrible ! Je perds déjà la raison ? Puis vient l'embranchement, je bifurque à droite et plus question de reculer, on va affronter LA pente. Le 1er km à 8% est le dernier pour souffler, ensuite cela va monter crescendo jusqu'à atteindre 24% sur mon compteur sur le haut, avec un passage interminable d'1,5km à 19% de moyenne !!! Me voilà passé, une bonne chose de faite ! LE replat juste après avoir récupéré la route de Lochieu permet de souffler mais on est bien vite rattrapé par les choses sérieuses et les 2,5km restant à plus de 10% de moyenne. La croix nous nargue d'en haut, un petit vent fait son apparition, il rafraichit l'atmosphère car le soleil de ce côté n'est pas encore passé. Ca y est, sommet en vue, 1h29 de montée, je suis pas mal. Je n'ai pas vu âme qui vive durant toute la montée et personne non plus au sommet en cette heure matinale. J'ai le col rien que pour moi !

Ce n'est pas le tout, il faut bien redescendre, direction Anglefort. Je croiserai une petite dizaine de cyclistes qui montaient avant d'atteindre la ville. La descente n'est pas bonne, cela tape énormément, beaucoup d'irrégularités et des gravillons sur la route, ce n'est pas hyper plaisant, ni très reposant. Nouvelle photo du panneau : 15,7km à 7,97%. C'est de l'avis de certains le côté le plus difficile, car cela ne débranche pas pendant 10km à 10% sans aucun répit. Pour moi, cela ressemble au Ventoux côté Bédoin (mais pas de perruche pour passer le temps, les copains comprendront !) Je démarre à 8h04. La montée est plutôt régulière et je prend mon petite rythme de sénateur. Le replat des Sapettes est le bienvenu quand même après cette longue portion. Le final est moins pentu, avec quelques petits taquets mais après ce qu'on a passé, ce n'est plus rien ! 2eme sommet, il est 9h34. Toujours aussi peu de monde. Je me ravitaille avant de descendre à Culoz par les fameux lacets. La descente n'est guère meilleure ici, ils ont encore rajouté des gravillons par rapport à dimanche !

En bas, je slalome entre les forains et je rejoins la voiture. 10h10, c'est la pause déjeuner pour moi ;-) j'ai prévu la glacière, les casse-croutes, le coca et je recharge en eau les bidons. Après une vingtaine de minutes d'arrêt, c'est reparti. 18,3km à 6,89%. Il n'est 10h36 mais la chaleur est déjà là. Près de 30° et je me souviens de ce que Michel Pélissier avait conseillé : ne pas monter Culoz aux heures de grande chaleur. C'était un peu le but d'être parti aussi tôt, pour passer avant mais cela n'a pas fonctionné !!! Tant pis, il faut bien y aller. La remise en route se fait plutôt pas mal, la pause m'a fait du bien mais là encore, je me raisonne et je gère. Je me ferai doubler par 2 gars dans cette montée, quelques mots au passage et chacun reste dans son effort. Les lacets du Grand Colombier sont un grand moment mais ils ne rendent pas vraiment, il faut vraiment les voir d'un hélico pour se rendre compte de la beauté de la route ! Bon la vue n'est pas en reste d'ici, elle est tout simplement magnifique sur toute la vallée de Culoz, le Rhône, le lac du Bourget... Après lE carrefour d'Anglefort, il reste 3km de très dur, on se motive comme on peut et ca passe. Petit arrêt ravito juste après à l'ombre et c'est le final à nouveau. 12h20, 3eme sommet. La vue sur le Mont Blanc est somptueuse, d'autant qu'aucun nuage ne vient gâcher la vue ! Je ne me pose en fait même pas la question de savoir si je fais demi-tour vers Culoz et la voiture ou si je bascule de l'autre côté pour faire la 4eme. Les jambes vont bien, le moral aussi donc on y va !

Descente par Lochieu où je repère des fontaines en passant, mais je continue ma route jusqu'à Champagne en Valmorey. Dernier pointage sur ma carte de route au panneau : 19,2km à 6,75%. Dernier demi-tour donc à 13h01. Je m'arrête quelques hectomètres plus loin pour un 2eme arrêt sandwich, à l'ombre bien entendu car il y a 33° maintenant ! Parvenu à Lochieu, je m'arrête donc à un robinet qui donne sur la rue. Je me délecte de cette eau fraiche bienvenue ! Je m'arrose, repart et aperçoit une 2eme fontaine 200m après. Nouvel arrêt, je n'étais pas satisfait et il fallait que je me trempe de partout ! C'est chose faite cette fois et ce coup-ci, plus question de s'arrêter ! C'est le côté le plus irrégulier je dirai, il alterne pente relativement douce, voire plate, avec des passages de 2km environ à 10-11%. Je parviens à conserver mon rythme régulier, je ne suis pas en capacité d'accélérer certes, mais cela tourne toujours pas mal et je ne peux même pas dire, sans fausse modestie, que j'ai mal aux jambes. Mon braquet de 34x32 y est certainement aussi pour quelque chose, je ne me suis pas cassé les pattes je pense et c'est donc ainsi que je parviens au sommet pour la 4eme fois de la journée, il est 14h50 ! Quelle joie, non seulement je fais maintenant partie officiellement de la confrérie des Fêlés du Grand Colombier mais en plus, j'y rentre directement au grade de « Grand Maitre » ;-)) Une fierté ! 4875m de D+, 126km au compteur, de quoi faire pâlir une Marmotte où on atteint ce D+ après 174km !!!

Je descends à nouveau par Culoz et les lacets pour terminer cette aventure pour rejoindre la voiture, non sans une dernière péripétie. Juste avant d'atteindre les lacets, ma roue avant tape un caillou que je n'ai pas vu arriver. A peine le temps de jurer contre ce maudit caillou que j'en prends un second. Je ralentis pour le cas où et heureusement car au moment d'arriver sur un lacet, je me retrouve sur la jante ! La crevaison pour terminer, je m'en serai bien passé :-( Enfin plus de peur que de mal, cela aurait pu être bien pire. Je répare rapidement et repart prudemment pour atteindre Culoz.

Quelle folle journée, il est 15h35 lorsque je boucle les 145km et donc 4875m de D+. La chaleur est accablante mais je n'en aurai finalement qu'assez peu souffert, il y a quand même pas mal d'ombre sur toutes les faces. Le bémol vient de l'état des routes. Si cela n'est pas gênant dans le sens de la montée, en descente par contre, qu'est-ce que cela peut taper ! Il y a des mini-bosses partout et malheur à celui qui ne tient pas fermement son guidon ! Dommage car on prend rapidement une vitesse folle mais on peut se retrouver désarçonné de sa selle bien vite aussi. Il faut rester prudent et l'esprit lucide.

Je n'étais pas dans la forme de ma vie mais je pense que j'ai bien géré ma journée, je ne suis pas rentré dépouiller comme après la Marmotte ou certaines Etapes du tour !

Je conseille à tous de réaliser ce beau défi qui restera gravé dans ma mémoire, à n'en pas douter !

 

Stéphane SCHWALLER – 15/07/2020