Et un Fêlé de plus!

 

C'est en 2003 que j'ai découvert le site internet des fêlés du grand Colombier ( site sympa et complet que je vous engage à visiter : www.felesducolombier.fr).
Ca n'a pas manqué, l'idée d'un nouveau challenge commençait à germer.
France, mon épouse, faisant sa cure annuelle à Aix les Bains : c'est de là que ce projet pouvait se concrétiser.
Cette même année, je tentais une première ascension, celle de Culoz, avec un aller-retour d'Aix : bigre ! rien qu'une ascension me donnait un aperçu de la difficulté de l'entreprise et de la nécessité de se préparer.

Juillet 2004:

Je suis décidé, après consultation de la météo, je tenterai l'expédition mercredi 21 juillet.


C'est par la montée d'Artemare que je commencerai, suivant ainsi les conseils ( avisés ) de l'organisation : commencer par le plus difficile et finir par le moins difficile : 1/ Artemare, 2/ Culoz, 3/ Anglefort, 4/ Champagne en Valromey.

Le 20 juillet, je rejoins l'hôtel Michallet d'Artemare ( recommandé par de nombreux fêlés et que je recommande à mon tour tellement les Patrons sont attentionnés )
Comme je souhaite partir tôt, le patron me propose un plateau petit déjeuner qu'il déposera le soir devant ma porte de chambre ( il a une certaine habitude de fêlés ! )
Le soir un orage, apprécié lorsque l'on est à l'abri, viendra rafraîchir la température.
La nuit sera courte et agitée : la pluie, le stress, la prise de conscience de l'ambitieux projet me font tourner et retourner dans le lit.

A 4h30, plus la peine de tergiverser, je me lève, il faut y aller. J'engloutis le copieux petit déjeuner et empoche 2 petits pains au chocolat : ils serviront tout à l'heure.
Départ 5h20, le jour n'est pas encore levé mais ça ne saurait tarder, avec mon coupe vent jaune fluo, je suis visible.

C'est calme, le ciel est étoilé, pas de vent, pas de bruit, le départ en pente douce est agréable, jusque Virieu le petit les kms défilent.
Commence au sol un feuilleton d'inscriptions humoristiques régulières, à l'intention d'un dénommé Alex : à l'allure où je roule, j'aurai bien le temps de le lire jusqu'au sommet! ça commence par : "Alex es-tu bien sûr de toi ?", on peut sans problème, remplacer ce prénom par celui de tous ceux qui se lancent dans ce périple…
Puis; vient….le fameux passage annoncé avec un 22% sur 1,5km.
Là, c'est la dérive, je zigue-zague de gauche à droite et réciproquement, je résiste, j'avance à 6 km/h (je n'invente rien : je double un escargot, ça rassure !) et dans un zag trop large, je pars dans les cailloux du bord de route.
Résultat : pieds à terre, impossible de repartir avec les pédales automatiques d'une part mais surtout à cause de la pente ! Mon compteur annonce 19% depuis un moment , je pousse mon vélo sur 500m. afin de retrouver un pourcentage me permettant de repartir : même à pieds, j'ai le souffle court !
Enfin, après avoir repris mon souffle et mes esprits, je repars sur une portion de 10/11%, ça semble presque facile. Dingue ce truc !!
A 3 kms de l'arrivée je lève la tête et aperçois la croix du sommet annoncée : j'ai le vertige, avec l'impression qu'il va falloir faire de l'escalade…
Dernière ligne droite à 10/11% et c'est le sommet , il est 7h10 ( un peu moins de 2h sur 16kms environ ).

Je mange, me désaltère et , vite, je décide d'attaquer le second gros morceau : Anglefort ; celui-ci me fait peur, aussi je voudrais en finir en gardant Culoz ( préconisé en seconde ascension à cause de son exposition à la chaleur ), pour la troisième partie ; il est encore tôt et la chaleur devrait être supportable.
Démarrage à 7h50 d'Anglefort pour ce coté annoncé "sans répit" : 10kms à 10% de moyenne sans le moindre replat.
Ce sera effectivement le cas, après le lieu dit '" la sapette ", on récupère un peu et c'est reparti jusqu'au final!
A l'Auberge du Grand Colombier, je ne sais pourquoi, je pars à gauche. Je me dis bien qu'à la descente cette auberge était sur ma droite et…elle est encore sur ma droite…bizarre, j'ai dû me tromper.. l'ivresse de la descente peut-être ? je me tape une sacrée côte, que je ne reconnais absolument pas, pour arriver sur un sommet qui n'est pas le bon : c'est privé, il y a une barrière et ce qui semble être une parabole de grande taille ??
Là, maintenant c'est certain je me suis fourvoyé, il faut redescendre, et se concentrer sur le sujet car des erreurs comme celle là : ça fatigue !!
J'arrive enfin au bon sommet à 9h45, trempé de sueur mais heureux: et de 2! Sur cette montée, je n'aurai croisé qu'un camion, une moto ( polluante en bruit et en gaz ), une voiture et un rapace qui s'est envolé à 2 m. de moi, me sortant de ma torpeur : on ne peut pas dire que le secteur soit encombré !

Longue, très longue mais aussi très belle descente sur Culoz avec des points de vues de toute beauté sur le Rhône et sur le lac du Bourget.
Je me désaltère abondamment à la fontaine du centre ville ( sous le regard un peu étonné d'autochtones ), pointe à l'office du tourisme pour repartir à 10h40 pour la troisième partie.
Il faut dire ici, que personne n'est étonné lorsque vous demandez d'apposer un tampon sur votre feuille de route : ils connaissent tous les fêlés, c'est une affaire qui marche ! j'ajoute que sur toute cette journée l'amabilité et la gentillesse des gens étaient exemplaires.

La montée par Culoz, si elle est difficile, offre, de même que la descente, les mêmes panoramas ; la différence c'est que j'ai le temps, vu le pourcentage, de les voir et les revoir; je prends même le temps de les photographier, c'est dire …
Au croisement commun avec la route d' Anglefort, je fais une pose et je me ravitaille, il reste 9 kms. Le soleil est maintenant bien chaud, nous sommes à 30° sous couvert, le vent aussi se met de la partie; cette pause est appréciée.
A 500m, du sommet, je suis en danseuse, cherche mon souffle, le téléphone sonne : c'est France mon épouse, elle est inquiète et me demande d'en rester là, de ne pas entamer la 4ème partie ; difficile de tenir une conversation téléphonique dans ces conditions, j'écourte brièvement lui disant que je la rappellerai plus tard… dans ma tête la quatrième est programmée et s'il faut monter à pieds, je le ferais.
A 12h50 je boucle la 3ème ascension, toujours liquéfié, c'est vraiment "costaud". Je mange mais je n'ai plus d'eau, il me faudra attendre de rejoindre Lochieu dans la descente pour me rafraîchir et remplir mes 2 bidons. Je file ensuite sur Champagne en Valmorey.

C'est le restaurant-Bar "Le Méléric" qui m'apposera le quatrième tampon.
Je dois manger, c'est absolument nécessaire; un repas traditionnel serait trop long, alors, je demande un sandwich; celui-ci me sera apporté par la gentille petite fillette de la maison : un "maousse-costaud" qu'il me faudra mâcher avec patience et application : je ne suis pas affamé.
La tenancière m'encourage : "allez, je suis sûre que vous allez terminer" c'est sympa, mais, même si dans ma tête c'est programmé, les jambes ne sont plus bien vaillantes.
On y va, avec un départ facile : ça descend mais, après Lochieu, c'est tout à gauche, il y a 2 passages suicidaires à 10/11 % et quand on a dans les pattes les 3 précédentes ascensions, c'est carrément galère. Le soleil cogne : 34° ( on est jamais content, et si j'avais eu l'orage ?).
De nouveau cette foutue croix, au sommet, qui me nargue ; je termine à 6km/h, je ne sais plus ce qui me pousse à pédaler mais j'avance, mètre après mètre, pour atteindre à 16h10 le dernier sommet : 1501m. col du Grand colombier. Il me faudra un certain temps avant de pouvoir récupérer et être en mesure d'appeler France.

Celle-ci, décide de venir , sur le champ, me récupérer à Artemare : je suis capable, bien entendu de descendre les 16 kms , mais, pas certain de faire les 40 kms qui sépare Artemare, d'Aix les bains; de plus, notre l'hôtel se trouve sur la pente du Revard, à 6kms au dessus d'Aix !
En descendant, je savoure une nouvelle fois la fontaine de Lochieu : sur la journée j'ai bu plus de 8 litres et j'ai grand besoin de me réhydrater tellement la sudation a été importante ( toute la journée du lendemain sera nécessaire à cette réhydratation ).
Retour à l'hôtel Michallet, il est 17h, je déguste une bonne bière brune : ma récompense au final de mes escapades vélocipédiques. Le patron, compare mon temps; je serais, selon lui, dans une bonne moyenne : il y a mieux bien entendu, mais il me cite le cas de fêlés rentrant à la nuit tombée…

Je suis vraiment très satisfait, encore un beau challenge tenté et réussi ; sur l'ensemble de la journée j'ai croisé moins de 10 véhicules, 5 cyclos, le tout sur des petites routes tranquilles, souvent boisées, agrémentées du chant des oiseaux et de superbes paysages.

Pour le moment, je suis "cassé" et peu enclin à renouveler ce genre de délire mais, par expérience je sais déjà que la galère sera vite oubliée pour ne retenir qu'un bon souvenir de ce terrible Grand Colombier.
Et alors, reviendra l'inévitable question… : quel sera le prochain défi ?

 

Jean Desombre - juillet 2004