J'avais envie de vous raconter cette aventure...

 

Depuis quelques années, j’avais conservé précieusement l’article paru dans « Cyclo » au sujet des « Fêlés du Grand Colombier ». Les années passant, je mes suis dis que c’était peut être mieux de ne pas attendre que le poids des ans pèse trop sur mes épaules (57 ans), pour tenter ce challenge.

 

Tout l’entraînement s’est bien passé jusqu’à la journée du 7 mai ou je ne me suis pas aperçu que ma tige de selle s’était desserrée avec les vibrations ce qui m’a procuré une bonne tendinite au genou droit. Depuis ce jour là, j’ai constaté que monter en danseuse n’enflammait pas mon genou, alors que de rouler assis avec le genou bien plus fléchi ravivait de suite la douleur. Donc je me suis mis dans la tête de garder mon objectif du Colombier, et uniquement celui ci.

Donc, pendant 3 semaines, je n’ai plus fait que des enchaînements de cols difficiles, sans plat, et … sans collègues qui me prenaient pour un « fou ». Je leur répondais simplement qu’il fallait bien être fou pour gagner sa place chez les « fêlés » !!!  J’ai aussi enchainé les faces du Relais du Chat, Granier , Marocaz, Epine, Revard…

Le 21 mai,j’ai reconnu les faces Anglefort et Virieu le Petit ce qui m’a incité à monter une roue de 30 X 27 pour Virieu à la place du 30 X 25. Que le sommet était beau ce 21 mai et ces étendues de jonquilles coté ouest…

Le 25 mai, j’ai reconnu les faces de Lochieu et Culoz.

Le 27 mai, j’ai décidé de faire quand même une sortie de plus de 3000m de dénivelée. J’ai fais tout seul 190km avec 3800m de dénivelée (Cols de Champlaurent – Grand Cucheron - + 3 faces du Granier). Hélas, ayant fait du plat entre les cols, mon genou s’enflamme à nouveau.

Je décidais donc de m’arrêter 6 jours et de prendre des anti-inflammatoires !!. Je reconnais que j’ai beaucoup cogité et que le moral était un peu en baisse, je n’y croyait plus qu’à moitié.

Le 3 juin, je remontais sur le vélo, mais où étaient mes sensations de la semaine précédente ???

Le lendemain, ce n’était guère mieux mais, le 5 juin, je retrouvais enfin mes jambes sur les pentes du Granier côté Chapareillan, sa face la plus difficile. Je décidais donc de faire une tentative le surlendemain, le  7 juin. Mon gendre était en congés, il m’assurera l’assistance et le chronométrage.

 

En se rendant à Culoz en voiture, nous constaterons que le vent est violent (vagues sur le Lac du Bourget). En fait, il tombera l’après midi mais me gênera le matin jusqu’après Virieu et à la fin de la montée de Culoz.

Dès les premières rampes (après la 1ère crevaison, ma première de l’année en 7500km, entre Culoz et Artemare, le seul plat au programme pour m’échauffer. Sympa !!! ) je m’aperçu de suite que j’avais d’excellentes jambes. Cela se confirma sur les montée de Virieu et Culoz, où je mis pratiquement 5 minutes de moins que le jour de la reconnaissance. Après 2 montée en danseuse, et 2 descentes difficiles à cause du vent et du froid, c’était le casse croûte à Anglefort.

Vers 13h, j’attaquais la montée d’Anglefort, celle où j’avais le plus de sensations. Je fus cependant obligé de ralentir sur la fin à cause d’une crampe naissante à l’intérieur d’un quadriceps, le résultat de tout monter en danseuse et de la semaine d’arrêt pour cause d’anti-inflammatoires.

½ litre de Badoit et je bascule sur Champagne en Valromey. Bizarre, même dans les descentes il y a des montées…

Dernière montée. Les 10 premiers kilomètres : impeccable. Bonnes jambes – Petit braquet pour les crampes.

Hélas, ! tellement préoccupé par mes crampes et mon hydratation, j’en oubliais de manger et, à 7km du sommet, FRINGALE.

Alors débuta le calvaire de la journée. Plus de force, des crampes dès que je m’asseyais sur les parties moins pentues. Les deux derniers kilomètres, ce fut l’horreur. Même en danseuse je sentais venir les crampes. A 200m du sommet, j’avais des boules dans les deux cuisses (qui laisseront des séquelles) et je terminais en criant que je n’y arriverais pas et en suppliant mon gendre de me soutenir au sommet, j’étais incapable avec mes crampes de déchausser… il fut obligé de me descendre du vélo !!

Dès que j’ai pu faire 3 pas, ce qui ne fut pas évident, je me jetais sur la glaciaire et m’envoyait les ¾ du camenbert qui restait. Il me restait la dernière descente que je ne voulais pas manquer, et , celle là, je l’ai savouré, même si c’était Virieu le Petit.

Mon gendre me demanda pourquoi, dans les derniers kilomètre de la montée, je lui avait dit plusieurs fois « 58 ». En fait, mon obsession était de mettre moins de 1h30 par face. Donc , je lui disait alors « avant 58 » car je voulais finir cette 4ème montée avant 16h58. Jusqu’au dernier virage à droite, je cru bien que je n’y arriverai pas. J’ai quand même mis au total 1h de plus que le jour des reconnaissances…

Mon altimètre affichait 4945m, mon compteur 143km et j’ai passé un peu moins de 8 h sur mon vélo (moyenne 18.5km/h).

 

Voilà, j’ai été très bavard mais j’avais envie de vous raconter cette aventure, si difficile, mais si merveilleuse, où l’on passe par des moments de doute effroyables et par des joies indescriptibles. Merci à vous et à votre club d’avoir donné naissance à cette épreuve merveilleuse, où c’est tellement dur qu’il ne faut pas avoir que des jambes, mais aussi des bras, des abdominaux, des dorsaux … et un mental de guerrier.

André ROUQUET - Juin 2006