Et 14 Fêlés de plus ...

 

Le Rhône, puissant et majestueux, est stoppé net dans sa course par un gros tas de cailloux, résigné, il modifie sa route, vaincu.

Si on se croit plus fort que le grand fleuve, si donc on est un peu fêlé, il faut s’attaquer à grimper au sommet du Grand Colombier avec pour seule aide, son vélo et ses deux jambes.

Mais, pour entrer dans la Confrérie, il faut monter 2, 3 ou 4 fois et à chaque ascension par un itinéraire différent.

- Tu te rends compte qu’on est partis pour grimper un peu plus de 8 Tours Eiffel dans la journée et que nos futurs « confrères » vont en faire à peu près le double…

- C’est un truc pour les parisiens ton calcul, nous on est de Bernin.

- Bon, d’accord, si tu préfères, ceux qui vont monter 4 fois se taperont exactement les 4807 mètres du Mont Blanc…

Ah le Mont Blanc, quand on arrive au col depuis Champagne et qu’on le prend plein cadre dans les yeux, on en oublie ce qu’on vient d’endurer.

Notre première montée par Culoz est un grand moment de bonheur. Nous restons durant la totalité de la montée, qui comprend des passages à 14%, groupés en un petit peloton serré. Yves nous mène une allure toute tranquille, nous sommes décidés à arriver en bonne forme en haut afin d’en garder pour la suite. On bavarde, nous ne souffrons de la chaleur qu’au tout début, dans les falaises, après, c’est le rêve, la bonne température, des paysages grandioses ou de belles forêts bien ombragées. En voiture, Martine & Michelle qui vont assurer le camp de base au sommet s’arrêtent au carrefour où arrive par le plus grand des hasards l’équipe des futurs Grands Maîtres, partis plus tôt que nous, ils descendent pour aller attaquer leur deuxième ascension. Ils nous attendent et on est tout heureux de se retrouver en pleine forêt mais les effusions ne peuvent durer longtemps.

- On a du boulot qui nous attend, à tout à l’heure !

La descente vers Champagne est pénible, la route est mauvaise, il y a parfois des cailloux et, « praline sur le St Genix » il faut remonter pour trouver la fameuse pince qui nous permet de poinçonner nos cartes de route. Il fait chaud en bas, on dégouline, la descente se termine par une remontée qui, bien que courte, nous casse les jambes.

- J’ai les pattes arrières qui chauffent sévère…

- T’inquiète pas, moi aussi !

Sans attendre, on repart immédiatement pour notre deuxième ascension. Il faut se remettre dans le rythme et c’est maintenant qu’on sent qu’on a déjà une montée dans les jambes. En descendant, on avait repéré plein de replats, de passages faciles où on allait se refaire une santé bien à l’ombre. Plus rien… tout a disparu. Il ne reste qu’une rude montée en pleine chaleur. C’est reparti pour des passages à 14%. Les deux derniers km sont durs pour moi, la vitesse tombe, tombe mais quelle plaisir d’arriver et de se faire chouchouter par Martine & Michelle. Yves nous installe un grand baldaquin qui nous permet de casser la croûte à l’ombre.

Le groupe des costauds arrive. Ils en sont à leur troisième montée. Les traits commencent à se tirer (il y a de quoi… ) ils mangent rapidement tout en nous demandant des tuyaux sur la montée par Champagne. On se garde de leur dire que pour nous c’était bien assez dur en deuxième montée et qu’eux vont en baver en quatrième grimpette.

Pour ce quatrième itinéraire, ils vont effectivement souffrir. Nous les guettons du sommet, on demande aux automobilistes qui s’arrêtent au col. Non, personne n’a vu un groupe de cyclistes.

- Il ne faut pas oublier qu’ils ont pris du 14% sur la deuxième montée.

- Et surtout du 22% sur la première.

- Ils disaient que la roue avant se soulevait tellement c’était raide !

- Regardez, les voilà !

Peu à peu ils arrivent tous. Et les deux féminines, accueillies par ces dames avec quelques fleurs champêtres, sont loin d’être les dernières ! Manifestement ils sont heureux d’en finir avec cette histoire de fous, pardon… de fêlés. D’en haut, nous on rigole bien car Jean est poursuivi par un chien qui le suit depuis plus de dix kilomètres. En fait, ils ont « fait copains » tous les deux et au début, Jean craignait plus que le chien lui croque son beau vélo tout neuf que ses mollets !

Une bonne mousse en bas ; Alain ramasse les cartes de route, il semble manifestement fier de ses troupes et nous on commence à se dire :

- Si on peut faire deux montées, on doit bien pouvoir en faire trois.

- Oui, en partant très tôt, en se reposant avant la dernière.

Bref, des conversations de cyclottes et de cyclos, désormais fêlés, devant une bonne bière après l’effort !

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« Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière. »

Cette belle citation figure dans l’excellent site de la confrérie que vous aurez tous envie d’aller visiter.

Que ceux qui ont eu l’idée de ce truc de fêlés soient, malgré ce qu’ils nous ont fait endurer, chaleureusement remerciés.

 

Listes des nouveaux Grands Maîtres et des nouveaux Membres :

Nicole

France

Isabelle

Pierre Ch

Pierre Cv

Yves

René

Pascale

Christine

Serge

Marc

Jean

Bernard

Thierry

 

Club Cyclo de Bernin  - Juin 2008